Sur une calèche longtemps perdue de vu

Une contribution de Jacques Giber

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Cette fois-ci, il s'agira d'un livre moins prestigieux (et moins coûteux), mais néanmoins chargé de connotations personnelles qui le rendent bien intéressant, au moins pour moi.

C'est donc en janvier 2019 que je me suis procuré un exemplaire de Le voyage en calèche, de Jean Giono.

Jean Giono (1895-1970). Le voyage en calèche. Divertissement romantique en 3 actes. Illustrations par Albert Decaris (4 gravures dont un frontispice, en offset). Exemplaire n°1667, un des 5500 exemplaires sur vélin des Papeteries de la Serraz après 450 sur papier pur fil à la forme des Papeteries de Rives (illustrés des gravures en eau-forte). Monaco, Éditions du Rocher - 1947 - 255 pages. Ouvrage broché sous couverture imprimée en 2 couleurs. Pas de rousseur. Très bon état. Format in-8° (24x17). Envoi manuscrit de Jean Giono à Jacqueline Hopstein-Hanniac.

Giono a daté cette pièce en prose, en fin de texte, de 1942 à Manosque. S'agissait-il d'un divertissement au sens banal, pour oublier l'occupation? Elle devait être créée au théâtre des Ambassadeurs, mais elle est interdite par la censure allemande le 24 décembre 1943. Aurait-elle été jouée que Giono aurait évité bien des déboires à la Libération. Sartre, lui, a pu monter Les Mouches en 1943 au Théâtre Sarah-Bernhardt rebaptisé Théâtre de la Cité. La pièce de Giono a été jouée en 1947 aux Ambassadeurs, mal montée autour d'une ''Alice Cocéa crépusculaire''1, mal reçue par un public qui voulait tourner la page. En tous cas, il semble que sa vraie création doive attendre 1965, sous le titre La calèche, mise en scène par Jean-Pierre Grenier, au Théâtre redevenu Sarah- Bernhardt, l'actuel Théâtre de la Ville, place du Châtelet, juste avant sa fermeture en 1966 pour la transformation de la salle à l'italienne et l'installation de l'actuelle structure en gradin2. Jeune adolescent, j'ai assisté à une représentation dans le cadre d'une sortie scolaire ou d'une sortie amicale, et je ne me souviens aujourd'hui que de trois choses: l'obscurité de la salle et la scène éclairée de flambeaux, les bottes du personnage principal, Julio, et le fait que c'était la première pièce de théâtre que je voyais jouée sur une scène. J'ignorais tout alors des circonstances entourant l'écriture et la création de cette pièce.

L'action se déroule après la conquête de la Lombardie par Bonaparte, donc après le flamboyant incipit de La Chartreuse de Parme. Il décrit bien le contexte, ne résistons pas au plaisir de le relire :

« Le 15 mai 1796, le Général Bonaparte fit son entrée dans Milan à la tête de cette jeune armée qui venait de passer le pont de Lodi, et d’apprendre au monde qu’après tant de siècles César et Alexandre avaient un successeur. Les miracles de bravoure et de génie dont l’Italie fut le témoin en quelques mois réveillèrent un peuple endormi ; huit jours encore avant l’arrivée des Français, les Milanais ne voyaient en eux qu’un ramassis de brigands, habitués à fuir toujours devant les troupes de sa Majesté Impériale et Royale : c’était du moins ce que leur répétait trois fois la semaine un petit journal grand comme la main, imprimé sur du papier sale.
Au moyen-âge, les Lombards républicains avaient fait preuve d’une bravoure égale à celle des Français, et ils méritèrent de voir leur ville entièrement rasée par les empereurs d’Allemagne. Depuis qu’ils étaient devenus de fidèles sujets, leur grande affaire était d’imprimer des sonnets sur de petits mouchoirs de taffetas rose quand arrivait le mariage d’une jeune fille appartenant à quelque famille noble ou riche. Deux ou trois ans après cette grande époque de sa vie, cette jeune fille prenait un cavalier servant: quelquefois le nom du sigisbée choisi par la famille du mari occupait une place honorable dans le contrat de mariage. Il y avait loin de ces mœurs efféminées aux émotions profondes que donna l’arrivée imprévue de l’armée française. Bientôt surgirent des mœurs nouvelles et passionnées. Un peuple tout entier s’aperçut, le 15 mai 1796, que tout ce qu’il avait respecté jusque-là était souverainement ridicule et quelquefois odieux. Le départ du dernier régiment de l’Autriche marqua la chute des idées anciennes : exposer sa vie devint à la mode; on vit que pour être heureux après des siècles de sensations affadissantes, il fallait aimer la patrie d’un amour réel et chercher des actions héroïques. On était plongé dans cette nuit profonde par la continuation du despotisme jaloux de Charles-Quint et de Philippe II ; on renversa leurs statues, et tout à coup l’on se trouva inondé de lumière. Depuis une cinquantaine d’années, et à mesure que L’Encyclopédie et Voltaire éclataient en France, les moines criaient au bon peuple de Milan, qu’apprendre à lire ou quelque chose au monde était une peine fort inutile, et qu’en payant bien exactement la dîme à son curé, et lui racontant fidèlement ses petits péchés, on était à peu près sûr d’avoir une belle place au paradis. Pour achever d’énerver ce peuple autrefois si terrible et si raisonneur, l’Autriche lui avait vendu à bon marché le privilège de ne point fournir de recrues à son armée.
En 1796, l’armée milanaise se composait de vingt-quatre faquins habillés de rouge, lesquels gardaient la ville de concert avec quatre magnifiques régiments de grenadiers hongrois. La liberté des mœurs était extrême, mais la passion fort rare ...»

mais avant la marche sur Vienne, conclue par le traité de Leoben, puis par celui de Campo-Formio (7 octobre 1797). Le début de cette campagne est la toile de fond de l'acte III, ponctué de nombreux éclats de fanfares judicieusement intercalés. Alors, l'armée n'est qu'à Treviglio, à l'Ouest de Milan, au Sud de Bergame, et passera par le col-frontière de Tarvis le 21 mars 1797. La didascalie initiale de l'acte I nous ramène donc début mars :

« Le printemps de 1797. Les forêts du Piémont; la maison des champs de Donna Fulvia. Le salon, bergères, méridienne, clavecin. Feu de bois dans la cheminée, mais large baie ouverte sur de hautes futaies sombres. C'est le soir. »

Les protagonistes, mentionnés en tête de chaque scène, sont:
DONNA FULVIA, célèbre cantatrice milanaise, frivole et très courtisée, d'abord prête à tout pour échapper à sa condamnation à mort pour complicité (forcée pourtant) avec Julio.
JULIO, résistant non violent à l'occupation française, poète, sans doute Comte, pourchassé par le Colonel sous le nom de Consalvo.
LE COLONEL, jeune colonel de hussards, épris de Donna Fulvia; il l'appelle Fulvie, elle l'appelle Vincent; il lui propose le mariage pour qu'elle partage sa gloire future et lui promet ''des capitales''.
LE DOMESTIQUE, JOHN, flegmatique comme un anglais, efficace, tout dévoué à son maître, il est italien et de basse extraction, Scartazzini, fils d'un prêtre et d'une vendeuse d'objets de piété à Ancône, filiation que Julio prend par défi à l'Acte II scène V.
LE CHEVALIER, propriétaire du château providentiel où s'abritent les fugitifs; à l'issue d'un duel verbal et poétique, il permet à Julio de se faire passer pour lui et d'échapper à nouveau au Colonel
L’IMPRÉSARIO, volubile, obséquieux mais habile, c'est un Vénitien
UN HUSSARD (il y en a peut-être plusieurs, mais un seul paraît à la fois).
La distribution affichée par le site https://www.lesarchivesduspectacle.net/?IDX_Spectacle=30674 compte 5 hussards et ajoute une habilleuse (à la Scala ?), rôle complètement muet, non prévu dans les didascalies.

Mettons des visages sur ces rôles, ceux des acteurs principaux dans d'autres rôles vers 19653 :


Les 3 premières gravures d'Albert Decaris (1901-1988) nous jettent dans une ambiance frénétique et inquiétante que tempère le calme romantisme de la dernière; on y voit bien l'écart entre le souffle du livre et le prosaïsme inévitable de la pièce sur scène, entre des personnages de fantaisie et des acteurs en chair et en os.

Le découpage de la pièce est le suivant :

Il n'y a donc ni unité de lieu, ni unité de temps, nous ignorons même combien de temps s'écoule entre chaque acte. L'Acte I est curieusement séparé en 2 , peut-être pour garder un nombre impair d'actes? Donna Fulvia est presque toujours en scène, Julio et Le Colonel s'évitent souvent, se rencontrent 2 fois, dans le hall du château,

puis dans la loge de Donna Fulvia à la Scala. Mais le texte est très long, sa lecture à haute voix dure 5 heures4.
Jean Giono et le metteur en scène Jean-Pierre Grenier (1914-2000) ont certainement procédé à des coupes pour passer de Le voyage en calèche à La calèche. Je n'ai aucune information sur leurs choix. J'aurais volontiers sacrifié toute la scène I de l'acte II entre Le Colonel et le Hussard, et plusieurs ''dialogues obscurs, presque hermétiques''5 ça et là. La pièce a été jouée en 1965 au Théâtre Sarah Bernhardt puis en 1966 au théâtre des Célestins à Lyon, avec une distribution différente sauf Maria Mauban et Pierre Vaneck, dans le cadre des 'Galas Karsenty-Herbert' de la saison 1966-67.

Alors que le texte a été réédité en 1991 par les Éditions du Rocher, avec une courte et percutante préface de Jérôme Leroy, je n'ai pas connaissance que la pièce ait été souvent rejouée; elle semble avoir disparu du répertoire. Comme d'ailleurs les autres pièces de Giono : Le Bout de la route, Lanceurs de graines, La Femme du Boulanger6, et quelques autres, de commande.



Si La Calèche participe de la transition bien connue entre « le Giono d'avant-guerre, chantre d'une Provence tellurique, et le Giono d'après guerre, virtuose stendhalien du cycle du Hussard », selon les mots de Jérôme Leroy, elle relève aussi du pacifisme profond de Giono et de sa résistance passive à l'occupation. Il y en a quelques traces, comme l'allusion à Prina, Acte I/1, scène II, p29:

DONNA FULVIA
Prina! Mon vieux Prina, ministre ! La malice, l'ironie, le tendre égoïsme incarné ! Un homme qui vous fait adorer

sa vieillesse !

.... Mais avec joie, colonel ! Vous ne savez pas qui est Prina.

LE COLONEL
J'ai vu un petit vieux ... DONNA FULVIA

Ne dites jamais du mal de Prina devant une femme qui l'a connu, ne serai-ce que cinq minutes. LE COLONEL

Nous avons donc fait une bonne affaire. Si Prina a les femmes avec lui, çà nous fait les deux tiers de la Lombardie qui nous foutra la paix.

Giono prend des libertés avec l'Histoire, autant qu'avec l'arithmétique (pourquoi 2/3 de la Lombardie ?). Le Giuseppe Prina historique n'a que trois ans de plus que le jeune Bonaparte ! Et lors des premières années d'occupation napoléonienne, resté fidèle à la maison de Savoie, Sardaigne et Piémont, il refuse de collaborer avec les Français même dans le cadre de l'administration des républiques sœurs. Il ne prendra réellement le pouvoir comme ministre des Finances qu'après 1802 et se fera détester pour sa dureté, au point qu'il sera lynché par les Milanais en 1814 après l'abdication de l'Empereur, de façon proverbiale (l'ha faa la finn del Prina signifie encore aujourd'hui « il a fait une mauvaise fin »). Mais, en insistant sur sa vieillesse fictive, Giono fait une claire allusion à Pétain, et peut-être de façon subliminale le voue à une fin identique. Quant au succès attribué à Prina auprès des femmes, il correspond bien à celui de Pétain, chaud lapin et coureur invétéré.

La résistance de Julio est bien particulière: il fait en sorte que les Lombards regardent ''à travers les soldats français'', conformément à la première épigraphe (on songe aussi au Silence de la mer de Vercors, premier titre des Éditions de Minuit le 22 février 1942):

«L'art de regarder à travers les soldats étrangers s'était développé au plus haut degré. C'était comme s'ils n'existaient pas.» SVEN AUREN7. Signature Tune

Il est aussi capable d'actions concrètes, quoique non-violentes, comme le fait de vider Milan de ses troupes qu'il envoie « dans toutes les épines de la rose des vents » grâce à de faux ordres de mission réalisés et signés Bonaparte par l'habile John, la dernière signature « criante de vérité » étant apposée sur la grâce de Donna Fulvia (Acte II, scène V, p180 sq). Mais tout cela aboutira au dénouement final brutal, quoique hors scène, du feu de peloton. Cette résistance, cet amour romantique et platonique conquis de haute lutte aboutissent à une sorte de suicide accepté et approuvé en commun. Ils sont morts et Bonaparte le pragmatique triomphe ...

« Un seul homme était en vie alors en Europe; le reste des êtres tâchait de se remplir les poumons de l'air qu'il avait respiré. Chaque année la France faisait présent à cet homme de trois mille jeunes gens; c'était l'impôt payé à César, et s'il n'avait ce troupeau derrière lui, il ne pouvait suivre sa fortune. C'était l'escorte qu'il lui fallait pour qu'il pût traverser le monde et s'en aller tomber dans une petite vallée d'une île déserte, sous un saule pleureur. »8

Julio et Donna Fulvia, suivis par le fidèle John, ont brusquement renoncé à cette fausse vie et plongé dans leur rêve. Le divertissement pascalien est dépassé, surpassé, puisque les héros ont finalement accepté et affronté leur mortalité intrinsèque, cela dans une ambiance romantique exacerbée. Julio est bien un ange comme il le suggérait à l'Acte II, scène V, p182, qui apporte sa grâce falsifiée à Donna Fulvia quand elle refuse la mort imposée et est prête à toute les compromissions pour y échapper, mais l'ange de la mort, qui s'est fait passer pour mort et revient lui tendre la main quand elle accepte la mort choisie, pour une Liebestod partagée sur fond de « lancé mélancolique» de cors ...

« ... sous un ciel chagrin, des fanfares étranges Passent, comme un soupir étouffé de Weber. » Baudelaire

Et tout devient alors évanescent: la blonde prestance de Pierre Vaneck (1931-2010), l'énergie rageuse de Claude Brasseur (1936- ), l'à propos distancié de Pierre Vernier (1931- ), le charme un peu fané de Maria Mauban (1924-2014), les bottes, fanfares et flambeaux, l'envoi à une comédienne quasi-inconnue9, au rôle muet d'habilleuse non crédité à l'affiche, d'une pièce sortie du répertoire, imprimée sur le papier d'une papeterie disparue10, à la représentation de laquelle j'ai, je crois, assisté dans une salle depuis démolie et remaniée ...

Dans sa modestie, ce livre porte pour moi le parfum d'un souvenir bientôt complètement estompé.


Jacqueline Hopstein (1959)

Jacques Giber (Février 2019)

1  Maurice Chevaly Giono vivant, notre ami Jean le Bleu, Autre-Temps 1997.


2  Il est actuellement en travaux de rénovation et mise aux normes depuis fin 2016 pour une ouverture retardée à début 2021.


3 De gauche à droite: LE COLONEL, Claude Brasseur (Sganarelle dans Don Juan, téléfilm de Marcel Bluwal, 1965), DONNA FULVIA, Maria Mauban; JULIO, Pierre Vaneck (Marc-Antoine dans Naissance de l'Empire Romain, film de Pierre Kast, 1966); JOHN, Pierre Vernier (Rocambole, série télévisée de Jean-Pierre Decourt, 1964-65); LE CHEVALIER, José Squinquel (Noirtier dans Le Comte de Monte-Cristo, film de Claude Autant-Lara, 1961). Et, plus loin, tous les quatre réunis dans leurs costumes de scène in Revue Giono N°5, 2011 (Association des Amis de Jean Giono)

4  Comme j'ai pu l'expérimenter en en réalisant un enregistrement pour une association d'assistance aux aveugles.


5  Selon l'expression de Francis Roullet-Renoleau dans Situation de Giono dans le théâtre du XXè siècle in Revue Giono N°5, 2011


6  Pour cette dernière, l'histoire est plus compliquée, puisque le film de Pagnol avec Raimu (1938) est une adaptation d'une nouvelle tirée de Jean Le Bleu. Giono tire de sa nouvelle une pièce de théâtre en 1943, et Pagnol adapte après-guerre son propre film pour le théâtre, pièce portée ensuite par Michel Galabru de 1985 à 2012, mais ce n'est pas celle de Giono !


7  Journaliste et écrivain suédois (1906-1985). Giono a trouvé cette citation dans un ouvrage complètement contemporain, où Auren rend vraisemblablement compte d'une invasion nazie ou soviétique (Finlande?) Signature Tune Hammond, Hammond and Co Ltd, Londres 1943.

8  Alfred de Musset : La Confession d'un enfant du siècle (1836)


9  Jacqueline Hopstein (1905-1998). Très effacée, sa carrière s'étend cependant de 1932 à 1986, du doublage de Fay Wray [!] dans King Kong en 1933 et Les chasses du Comte Zaroff, aux Brigades du Tigre pour un seul épisode en 1978, en passant par l'opérette et le film série B, nous apprend le blog Dans l'ombre des studios. https://www.facebook.com/Danslombredesstudios/videos/jacqueline-hopstein-lheure-mauve-1933/1250550678302399


10  Participation à l'inépuisable histoire de la papeterie en France, voici l'histoire de celle-ci. La papeterie de la Roche-Saint-Alban est fondée par la famille Caproni (on trouve aussi l'orthographe Caperony, Caprony ou Capprony) à la fin du XVIe siècle [en 1561]. Elle est construite sur les ruisseaux du Varon et du Petit Varon dont elle utilise la force. Au XVIIIe siècle, la papeterie est endommagée par une tornade. Elle reste inactive pendant quelque temps. Après la Révolution, elle est exploitée par la famille Girod. Elle connaît alors une grande prospérité car elle a le monopole de la fourniture du papier administratif de tout le duché. En 1806, l'équipement de la papeterie se compose de foulons à cylindres et de deux cuves. Elle occupe à cette époque 33 ouvriers (15 hommes et 18 femmes). Sa fabrication annuelle s’élève à 20 tonnes de papiers de différentes espèces. Les échantillons de papier envoyés à l'Exposition industrielle de Paris en 1806 rencontrent un vif succès. Après l'annexion de la Savoie, la papeterie doit renouveler ses débouchés. Elle produit alors du papier de paille et du papier mi-blanc pour emballage, pains de sucre, etc. La papeterie est visible sur le premier cadastre français de 1863. A cette date, elle est exploitée par Jean-Marie Girod qui fait installer une machine à papier continu. En 1875, elle dispose de 4 roues hydrauliques, animées par une chute d'eau de 7 mètres et développant une force de 30 chevaux. Son équipement se compose de 2 cuves et de 8 piles de cylindres, ainsi que d'une machine à papier continu. Le séchage se fait à l'air libre. Indépendamment de ses deux fils, M. Girod emploie deux ouvriers ainsi que des manœuvres quand les besoins de la fabrication l'exigent. La papeterie consomme en moyenne chaque année 7 300 kilos de chiffons, 5 347 kilos de rognures, 16 373 kilos de paille et 1 333 kilos de pâte. Elle produit annuellement 20 390 kilos de papier d'emballage de deux qualités. Elle fabrique également du carton gris en petite quantité. La fabrique fournit Lyon, Voiron, Albertville, Paris, etc. Vers 1885, la papeterie est rachetée par M. Gilbert qui l'exploite sous le nom de "Papeterie de la Serraz". Après 1920, la papeterie reprend la production de papier de luxe. Son équipement est renouvelé. Une micro-centrale hydroélectrique pouvant être pilotée depuis la papeterie, est construite pour alimenter le site. En 1921, l'usine est dévastée par un incendie. Elle est fermée entre 1931 et 1936. Elle est ensuite reprise par M. Buchet (propriétaire de L ́Illustration et huitième fortune de France) sous le nom de "Papeteries de Savoie". Dans les années 1950, les propriétaires de la papeterie font édifier une chapelle votive à proximité du site car tous les ouvriers mobilisés sont revenus de la guerre. En 1960, la papeterie emploie 90 ouvriers. Elle cesse son activité quelques années plus tard. Par la suite, elle abrite d'autres activités avant d'être achetée par la commune qui entreprend des travaux de reconversion à partir de 2007. Depuis 2011, une partie des bâtiments de l'ancienne papeterie sont occupés par des logements. https://patrimoine.rhonealpes.fr/dossier/fabrique-de-papier-de-la-roche-saint-alban-puis-papeteries-de-la-serraz-puis-papeteries-de-savoie- actuellement-logements/f232ca0a-5b26-4389-b346-ab5e5cf0bdeb

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